Vers une approche plus holistique de l’alimentation : les 3 règles d’or pour une alimentation saine, durable et éthique
Vivre longtemps en bonne santé est assurément un enjeu de santé publique. Or en 2016 la femme française vivait environ 21 ans en mauvaise santé de 64,5 ans à 85,5 ans. Son espérance de vie en bonne santé était de 67,1 ans en 1982 et aujourd’hui elle stagne et n’augmente plus. 2,6 années en bonne santé de perdues en 35 ans c’est énorme. Il est par ailleurs significatif de constater que cette diminution est concomitante avec l’explosion des maladies chroniques et l’arrivée massive des aliments ultra-transformés depuis le début des années 80. Cette transition nutritionnelle, du transformé à l’ultra-transformé, des « vrais » aux « faux » aliments (« fake foods »), n’a quasiment jamais été soulignée par les scientifiques. Pourtant depuis seulement 35-40 ans l’humanité soumet de plus en plus massivement son organisme à des nouveaux aliments artificiels ultra-transformés, raffinés, fractionnés-recombinés qu’elle n’avait jamais rencontrés auparavant.
Un aliment ultra-transformé est caractérisé dans sa formulation par l’ajout d’au moins un ingrédient et/ou additif cosmétique à usage principalement industriel pour imiter, exacerber ou restaurer des propriétés sensorielles perdues ou très diminuées (texture, goût et couleur). On est bien dans une démarche de maquillage pour « cacher la misère » et utiliser moins de produits alimentaires « nobles ». Les vrais aliments n’ont pas besoin qu’on leur ajoute colorants, texturants et/ou exhausteurs de goût. Ils se suffisent à eux-mêmes. On distingue deux grands groupes d’aliments ultra-transformés
1) Les aliments fractionnés-recombinés (matrices artificielles) à partir d’ingrédients/additifs industriels et contenant donc peu de vrais aliments (“fake foods”) : barres chocolatées, bonbons, sodas, yaourts à boire, céréales du petit-déjeuner pour enfants, snacks salés, sucrés, gras… associés à un marketing agressif
2) De nombreux plats préparés industriels avec des ingrédients et/ou additifs industriels de type “cosmétiques”
En outre aujourd’hui en France une mauvaise alimentation (notamment à base d’aliments ultra-transformés) est la première cause de mortalité précoce directe ou indirecte, causant plus d’un décès sur trois. Il est vrai que les maladies chroniques sont multifactorielles incluant par ailleurs la baisse de l’activité physique, la pollution, le stress, la solitude, la génétique… mais l’alimentation reste la première cause et le principal levier d’action car si vous arrêtez de manger vous mourrez.
Mais l’aliment ultra-transformé n’est que « la partie émergée de l’iceberg » ou « l’arbre qui cache la forêt » : il n’est que le concentré ultime de la dérégulation de nos système alimentaires qui s’est mis au service du profit et non plus de l’humain. Derrière ces aliments se cachent la dégradation de la santé, la souffrance animale, la destruction de l’environnement (biodiversité et changement climatique), la destruction de la vie sociale, des traditions culinaires et de la paysannerie ; pas moins ! Ainsi plus nous nous remettrons à consommer de « vrais » aliments plus nous régénérerons toutes ces dimensions de la durabilité dans un sens vertueux. Cet indicateur holistique de la dégradation de la durabilité est donc loin d’être anodin.
Ces constats m’ont amené à élaborer « les 3 Règles d’Or pour une alimentation saine, durable et éthique » ou « Règle des 3V » pour Végétal, Vrai, Variée : en d’autres termes le régime protecteur universel tel que défini par la science est un régime riche en produits végétaux, peu transformés et variés. Ces 3 Règles sont par ailleurs holistiques car en les appliquant elles permettent de protéger à la fois notre santé, les animaux et l’environnement. Pas besoin d‘en savoir plus car elles englobent aussi naturellement tous nos besoins nutritionnelles en divers nutriments. Ces règles simples permettent de sortir de la « dictature » de l’approche par nutriments qui nous « a menés dans le mur ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on mange des aliments pas des nutriments !
1ère Règle : Végétal 85% calories minimum
2ème Règle : Vrais (Vivant) aliments 85% calories minimum
3ème Règle : Varié, si possible Bio, Local et de Saison
Le mot clef pour le futur de l’alimentation est l’holisme, ou dit autrement recréer du lien, à la fois dans l’aliment, dans la vie sociale, dans l’agriculture, et dans bien d’autres domaines. Tout est interconnecté et le réductionnisme nutritionnel dogmatique (« l’aliment n’est qu’une somme de calories et nutriments ») a oublié cette évidence, fractionnant les aliments à l’extrême et générant toutes nos maladies chroniques d’industrialisation. En détruisant l’harmonie au sein de l’aliment on a dans le même temps détruit notre harmonie, à savoir la santé.
Je propose donc d’enclencher une révolution humaine de l’alimentation pour que cette dernière soit au service de la vie et non du profit. Pour cela à chacun d’agir ! Tout le monde peut se remettre aux « vrais » aliments.
Towards a more holistic approach to foods and diets: the 3 golden rules for healthy, sustainable and ethical food
Living in good health for a long time is certainly a public health issue. In 2016, French women lived for around 21 years in poor health, from 64.5 to 85.5 years. Her healthy life expectancy was 67.1 years in 1982 and today it has stagnated and is not increasing. 2.6 healthy years lost in 35 years is huge. It is also significant to note that this decrease is concomitant with the explosion of chronic diseases and the massive arrival of ultra-processed foods since the beginning of the 1980s. This nutritional transition, from the processed to the ultra-processed, “real” to “fake” foods has hardly ever been emphasized by scientists. Yet for only 35-40 years mankind has increasingly subjected its body to new ultra-processed, refined, fractionated-recombined artificial foods that it has never encountered before.
An ultra-processed food is characterized in its formulation by the addition of at least one cosmetic ingredient and/or additive for mainly industrial use to mimic, exacerbate or restore lost or very diminished sensory properties (texture, tasten aroma and color). We are in a process of make-up to « hide poverty » and use less « noble » food products. Real foods do not need additional colors, texturizers, aroma and/or flavor enhancers. They are self-sufficient. There are two main groups of ultra-processed foods
1) Fractionated-recombined foods (artificial matrices) from industrial ingredients/additives and therefore containing few real foods (“fake foods”): chocolate bars, sweets, sodas, drinkable yogurts, breakfast cereals for children, salty, sweet, fatty snacks … associated with aggressive marketing
2) Many industrial prepared meals with industrial ingredients and/or additives such as “cosmetics”
In addition, in France today, a poor diet (especially based on ultra-processed foods) is the leading cause of early direct or indirect mortality, causing more than one in three deaths. It is true that chronic diseases are multifactorial including, moreover, the decrease in physical activity, pollution, stress, loneliness, genetics … but diet remains the first cause and the main lever of action because if you stop eating you will die.
But the ultra-processed food is only « the tip of the iceberg » or « the tree that hides the forest »: it is only the ultimate concentrate of the deregulation of our food systems that has occurred, which put at the service of profit and no longer of people. Behind these foods hide the degradation of health, animal suffering, the destruction of the environment (biodiversity, pollution and climate change), the destruction of social life, culinary traditions and the peasantry. Not less ! So the more we start consuming “real” foods, the more we will regenerate all these dimensions of sustainability in a virtuous sense. This holistic indicator of the degradation of sustainability is therefore far from trivial.
These observations led me to develop « the 3 Golden Rules for a healthy, sustainable and ethical diet » or « 3V rule » for Plant, Real, Varied: in other words the universal protective diet as defined by science is a diet rich in plant products, minimally processed and varied. These 3 Rules are also holistic because by applying them they protect our health, animals and the environment. No need to know more because they also naturally encompass all our nutritional needs in various nutrients. These simple rules break the « dictatorship » of the nutrient-based approach that « got us into the wall. » Why ? Simply because we are eating food not nutrients!
1st Rule: Plant, 85% minimum calories
2nd Rule: Real foods, 85% minimum calories
3rd Rule: Varied, if possible Organic, Local and Seasonal
The key word for the future of food is holism, or in other words, recreating the link, both in food, in social life, in agriculture, and in many other areas. Everything is interconnected and dogmatic nutritional reductionism (« food is just a sum of calories and nutrients ») has forgotten this obvious, splitting food to the extreme and generating all of our chronic diseases of industrialization. By destroying the harmony within the food we have at the same time destroyed our harmony, namely health.
I therefore propose to start a human revolution in food so that food is at the service of life and not of profit. Everyone has to act for this! Anyone can get back to “real” food.