Qu’est-ce qu’une alimentation préventive saine, durable et éthique ?

 

Un constat alarmant !

Par définition la nutrition préventive est au service de l’humain afin de lui permettre de vivre longtemps mais surtout en bonne santé afin que « l’espérance de vie en bonne santé » (61,8 ans pour les hommes et 63,5 ans pour les femmes en 2010) se rapproche de « l’espérance de vie théorique » (78,3 ans pour les hommes et 85,3 ans pour les femmes en 2010) (Figure 1). Bref, le français moyen vit en bonne santé jusqu’à l’âge de la retraite puis est malade jusqu’à sa mort (16,5 ans pour les hommes et 21,8 ans pour les femmes). Et l’espace entre les deux « espérances de vie » tend à augmenter. Situation peu réjouissante sur les plans humain, social et économique ! Pourtant on sait qu’une bonne alimentation associée à un exercice physique régulier (même modéré) permettrait de gagner de nombreuses années en bonne santé, probablement au moins dix. En outre une mauvaise alimentation constitue aujourd’hui en France la première cause de mortalité, directement ou indirectement, à savoir environ un décès sur trois (principalement les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2[1] et certains cancers).

 

 

Figure 1. Espérance de vie théorique et en bonne santé

 

La question essentielle est donc : « Comment peut-on enrayer l’« épidémie » toujours croissante des maladies chroniques liées à un mode de vie déséquilibré ? ». L’alimentation préventive constitue un levier puissant, qui peut s’enseigner dès le plus jeune âge. Les raisons de ce désastre médical sont assez simples en fait : il y a bien sûr la transition nutritionnelle d’une alimentation traditionnelle à base de produits végétaux et d’aliments peu transformés vers une alimentation riche en produits animaux et ultra-transformés ; la diminution concomitante de l’activité physique et de la dépense énergétique ; un manque d’éducation nutritionnelle à l’école dès le plus jeune âge ; et enfin, la raison la plus essentielle de tous car correspondant aux racines profondes de la situation actuelle, la pensée réductionniste. Cette dernière est typiquement occidentale et prend sa source dans la pensée de Descartes : en effet, le réductionnisme fractionne la réalité en entités isolées pour mieux les étudier considérant que 2 = 1+1 sur la base d’une relation de cause à effet linéaire. Ce réductionnisme appliqué à la nutrition humaine a conduit à la déconstruction des aliments en nutriments isolés et à les recombiner en des combinaisons infinies sous couvert d’innovation. Ce sont les aliments ultra-transformés dont on ne peut plus retrouver l’origine naturelle, purs fabrications de l’homme et le plus souvent très riches en calories et pauvres en micronutriments protecteurs (les scientifiques parlent alors de « calories vides »).

Or il se trouve que les populations adhérant le plus à ces produits (≥ 50% de l’apport calorique quotidien en moyenne) sont les plus atteintes de maladies chroniques. Il n’est donc pas surprenant que le développement des maladies chroniques liées à une mauvaise alimentation soit concomitant à l’hyper-industrialisation de l’alimentation. Il suffit de voir les taux de diabète de type 2 dans des populations étant restées pastorales ou traditionnelles (nomades, papoues, Inuits) : moins de 1-2% de prévalence de diabète de type 2 contre 8-10% dans nos pays occidentaux, voire plus dans certains pays comme l’Arabie Saoudite (14-20%) ou le Mexique (10-14%) ; et les indigènes émigrant vers nos pays dits industrialisés et adoptant notre alimentation de type occidentale finissent très rapidement par présenter des taux de diabète de type 2 similaires aux nôtres. En outre les prévisions d’évolution des prévalences de diabète de type 2 à l’horizon 2030 sont préoccupantes au niveau mondial. Par exemple en France les nouveaux cas de diabète ont augmenté de 20 à plus de 70% selon les régions entre 2003 et 2011.

 

Quels « remèdes » ?

Afin de remédier à cet état de fait, outre introduire une éducation à l’alimentation dès le primaire (à partir de 3 ans) et augmenter son activité physique, il faut réapprendre à « bien » manger pour rester en bonne santé. Pour cela, comme tout le monde ne peut pas être spécialiste en nutrition, il faut rechercher des règles alimentaires génériques acceptables, scientifiques et facilement compréhensibles par tous, quelle que soit son origine son pays, son âge, etc. Mais ces règles ne doivent pas découler de la pensée réductionniste comme c’est le cas aujourd’hui, à savoir une approche selon la composition de l’aliment en nutriments ou en calories. Car en effet une calorie d’un aliment A n’est absolument pas égale à une calorie d’un aliment B selon la matrice de l’aliment, notre niveau d’activité physique ou si l’on mange seul devant la télé ou en groupe ! L’approche par nutriment ou composition est donc aujourd’hui désuète et a définitivement trouvé ses limites, ce que les anglo-saxons appellent le « Nutritionnisme ».

Je préconise donc de revenir vers une approche plus holistique de l’alimentation et de l’aliment considérant que le tout est supérieur à la somme des parties (donc que 2 > 1+1 = mécanisme de synergie[2] selon une loi de cause à effet non linéaire multicausale) et que l’alimentation doit préserver les trois dimensions fondamentales de la vie que sont la santé, le bien-être animal et l’environnement (Figure 2). Une approche holistique de l’aliment c’est considérer l’aliment dans sa complexité et aussi considérer qu’il a un effet santé supérieur à la somme des effets santé de chacun des nutriments pris séparément, ce que la science démontre d’ailleurs très bien. Sur ces bases holistiques et scientifiques je propose de définir ce que j’appelle les trois Règles d’Or d’une alimentation durable et saine :

 

1) Privilégier les produits végétaux sur les produits animaux dans un ratio calorique d’environ 85/15%, soit pas plus d’une calorie sur six d’origine animale. Or aujourd’hui le français consomme presque une calorie sur trois d’origine animale et 60% des protéines consommées sont d’origine animale, ce qui est beaucoup trop, à la fois pour la santé, préserver le bien-être animal et l’environnement (Figure 2) ; il faudrait donc, pour atteindre cette durabilité, réduire de 50% nos calories animales et substituer ces 50% par des calories provenant des grains et graines que sont les céréales complètes (blé, riz, avoine, maïs…), les pseudo-céréales (amarante, quinoa et sarrasin), les légumineuses (haricots, soja, fèves, lentilles…) et les fruits à coque (type noix, noisette, etc.), qui sont tous sous-consommés en France (< 15 g/jour quelles que soit le type de graines). De plus, nous consommons globalement trop de protéines : 0,83 g de protéines/kg de poids corporel/jour sont suffisant à l’âge adulte[3] (ANC, Apports Nutritionnels Conseillés), soit 58 g de protéines pour un adulte de 70 kg ; or globalement nous sommes plus proches de 1 g/kg, voire plus. Donc la viande devrait devenir un accompagnement et les produits végétaux le plat principal, et non l’inverse comme c’est le cas aujourd’hui. De plus, en consommant moins de viande, pour le même prix on peut se retourner vers une viande de meilleure qualité issue de filières extensives généralement plus respectueuses du bien-être animal.

 

Figure 2. L’alimentation et les 3 dimensions de la vie sur terre

 

 

2) Au sein des produits végétaux et animaux, privilégier les aliments pas, peu ou normalement transformés (c’est-à-dire des aliments qui ne sont pas une recombinaison d’ingrédients déjà isolés d’aliments naturels complexes par fractionnement ou le « cracking ») dans un ratio de 85/15%, à savoir pas plus d’une calorie sur six provenant d’aliments ultra-transformés. Pour reconnaitre un aliment ultra-transformé rien de plus simple : lisez la liste des ingrédients sur l’emballage ; si il y en a plus de 5 c’est que vous avez de grandes chances d’être en face d’un aliment ultra-transformé. Par ailleurs si vous n’arrivez plus à reconnaitre l’aliment d’origine, ce n’est pas très bon signe non plus. Prenons deux exemples simples : une pomme entière est pas/peu transformée (selon les conditions de stockage), une compote de pomme est normalement transformée (pommes plus du sucre en général), et un jus de pomme reconstitué à partir d’une poudre déshydratée avec des additifs divers est un produit ultra-transformé – à éviter. En effet dans ce dernier cas impossible de reconnaitre la pomme d’origine. Autre exemple, prenez un poisson entier cuit au gril (peu transformé), mis en conserve avec de l’huile (normalement transformé) et broyé/fractionné puis réintroduit dans des nuggets de poissons (ultra-transformé). Et on peut décliner l’exercice pour presque tous les aliments de base, même les légumineuses (graines bouillies versus soupe de légumineuses versus lait de légumineuses enrichi en sucre, arômes, etc.). On remarquera par ailleurs que plus l’aliment est transformé plus il perd la structure de sa matrice initiale (déconstruction de l’aliment). Aujourd’hui il est donc temps de classer les aliments selon leur degré de transformation et non plus selon les groupes végétaux botaniques ou les espèces animales comme les fruits, légumes, céréales, légumineuses, viandes blanches, viandes rouges, poissons, œufs, produits laitiers, etc. C’est le degré de transformation qui fait sens d’un point de vue nutritionnel, non le groupe alimentaire en tant que tel. Enfin les aliments moins transformés sont plus rassasiant et élèvent moins le niveau de sucres dans le sang que les aliments ultra-transformés.

 

3) Au sein des aliments pas, peu ou normalement transformés diversifiez en privilégiant les aliments bio, de saison et locaux dans la mesure du possible. En effet en diversifiant vous avez plus de chance de consommer une plus grande diversité de micronutriments protecteurs (vitamines, minéraux, oligo-éléments, polyphénols, caroténoïdes…) qui ont des actions multiples et synergiques dans l’organisme humain : antioxydants, anti-inflammatoires, anti-carcinogéniques, anti-hypertensifs, hypocholestérolémiant, hypoglycémiant, lipotropes[4]… Diversifier les aliments ultra-transformés n’a pas de sens car ils sont généralement raffinés, riches en énergie et pauvres en micronutriments protecteurs : donc consommer 5 barres chocolatées différentes que l’on trouve dans les distributeurs automatiques a le même effet nutritionnel que consommer 5 fois la même barre chocolatée.

 

Ces trois règles d’or sont suffisamment génériques pour être déclinées à peu près partout dans le monde selon les cultures et les traditions, voire les conditions climatiques et environnementales. Ce qui permet de combiner science et culture sans que les deux s’opposent.

 

Sortir des régimes sains « dogmatique » pour une meilleure prévention

Un régime doit être sain mais aussi durable et essayer de répondre aux différents défis et dimensions de la durabilité (Figure 3). L’enjeu est de taille. Jusqu’à aujourd’hui la recherche s’est beaucoup intéressée à la définition de ce que pourrait être un régime sain. Elle a notamment beaucoup étudié les régimes méditerranéen, végétarien, végétalien, DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension : approche diététique pour prévenir l’hypertension artérielle) et d’autres régimes reconnus pour leur vertus santé comme le régime Okinawa. Ces régimes sont généralement tous caractérisés par une forte proportion de produits végétaux peu transformés, et remplissent donc globalement les 3 règles d’or, à peu de chose près. En outre, de nombreux pays sur la planète ont proposé au niveau national des recommandations nutritionnelles, basées généralement sur les résultats des études nutritionnelles épidémiologiques et illustrées par les pyramides alimentaires ; et même de plus en plus de pays se penchent sur les vertus de leur régime national comme par exemple le régime nordique scandinave.

 

Figure 3. L’alimentation et les différentes dimensions de la durabilité

 

Cependant, la réalité montre qu’il est difficile de faire adopter ces régimes par le plus grand nombre. Il existe en effet encore beaucoup de résistance. Certains veulent continuer à consommer des produits animaux, d’autres veulent conserver leurs traditions culinaires, et d’autres encore ont un mode de vie difficilement compatible avec une adhésion régulière à ces régimes ou ces recommandations. En outre, ces régimes sains sont-ils durables, à savoir remplissent-ils les autres dimensions de la durabilité que sont les aspects environnementaux, bien-être animal, socioculturels et/ou religieux ? Pas forcément. Par exemple, si tout le monde se met à consommer plus de fruits, légumes ou de poissons, cela est-il compatible avec la protection de l’environnement ou le bien-être animal ? Pour le poisson, non au vu du pillage des stocks océaniques et de la disparition programmée de certaines espèces. Pour les fruits et légumes, on sait par ailleurs que leur coût carbone est supérieur à celui des grains et graines (ou féculents) et qu’ils sont globalement très demandeurs en eau. Et pour les produits laitiers, est-ce que consommer 2 à 3 portions par jour est compatible avec le bien-être animal quand on sait comment sont traitées les vaches laitières en élevage intensif dans certains pays ? Enfin, est-ce que les scandinaves ont envie d’adopter par exemple le régime méditerranéen ?

Une question se pose alors : est-il donc réellement raisonnable de vouloir généraliser ces régimes sains à l’ensemble de la planète ? Probablement pas. Pourquoi ? Je vais essayer d’y répondre :

 

Vers une régionalisation des régimes sains

Tout d’abord chaque région du monde s’inscrit dans une tradition culinaire, des croyances religieuses, un environnement et un climat qui lui est propre et des réalités socioéconomiques spécifiques. Pourquoi ne pas en tenir compte ? Prenons l’exemple de la France : si les populations du sud peuvent adhérer au régime méditerranéen, les traditions culinaires sont bien différentes au nord, à l’ouest et à l’est. Dans le nord, on consomme par tradition beaucoup de pommes de terre, dans l’ouest plus de produits de la mer et en régions montagneuses plus de fromages, etc. Quant aux conditions climatiques et agronomiques elles sont bien évidemment très différentes, que ce soit pour la pluviométrie, la température moyenne et la qualité des sols.

Le concept de « régime sain et durable régionalisé » implique de développer des régimes alimentaires en adéquation avec toutes les dimensions de la durabilité avec comme base un régime bon pour la santé. Par exemple l’Auvergne, où je vis, occupe la première place au niveau national pour la production de viande bovine. L’Auvergne compte aussi un nombre important de brebis. Quant aux productions végétales, elles occupent un cinquième de la surface agricole utile, le blé étant la céréale la plus cultivée. La région est aussi reconnue pour ses fromages et sa production de lentille. Peut-on définir un régime sain durable à partir de ces caractéristiques ? Oui certainement. Pour cela, bien sûr, cela signifie favoriser les productions locales et les circuits courts et plutôt manger des produits végétaux de saison. Cela peut aussi signifier réduire la production de viande bovine au profit de davantage de productions végétales, comme les légumineuses ou des fruits et légumes compatibles avec le climat auvergnat.

Cependant, il existe une catégorie d’aliment qui est cultivée presque partout sur la planète et qui remplit assez facilement tous les critères de durabilité. Ce sont les grains et graines, plus particulièrement les protéagineux (légumineuses), et dans une moindre mesure les céréales (complètes) et les oléagineux (fruits à coque). Pourtant ils sont produits à peu près partout sur la planète, sont généralement bon marché, faciles à conserver sur de longues périodes et possèdent de grandes vertus santé. Chacun de ces groupes est caractérisé par leur richesse respectivement en glucides complexes, protéines et lipides, ainsi que par une teneur en de nombreux composés bioactifs protecteurs. Ils sont en outre généralement source de sucres lentement assimilables, de fibres alimentaires et procurent un sentiment de satiété prolongé. Aussi on peut imaginer que les grains et graines puissent constituer la base des régimes sains régionalisés quelle que soit la région du globe. Par ailleurs, toutes les études épidémiologiques soulignent le caractère protecteur de ces aliments vis-à-vis du risque des principales maladies chroniques que sont l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. L’association céréales-légumineuses est d’ailleurs déjà beaucoup utilisée, notamment sur les continents sud-américains (maïs-haricot), asiatique (riz-soja) et nord-africains (blé dur-pois chiche) entre autres. Ce n’est probablement pas par hasard que la soixante-huitième Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2016 « Année internationale des légumineuses (AIL) » (A/RES/68/231). Rappelons que les légumineuses n’ont pas besoin d’engrais azotés pour pousser.

Puis, sur la base des grains et graines, chacun peut alors diversifier son régime alimentaire en tenant compte de ses préférences, traditions, croyances, conditions économiques, positionnement par rapport au bien-être animal, et cultures locales ; tout en essayant d’adhérer le plus possible aux 3 règles d’or, combinant ainsi résultats scientifiques et réalités régionales.

 

Pour conclure, la nutrition préventive (je préfère « alimentation préventive » car la dimension alimentaire est plus prégnante) doit maintenant fonder ses bases sur une approche holistique et plus éthique mettant au centre l’humain et non les intérêts financiers. Nous sommes entrés dans une nouvelle transition alimentaire ou nutritionnelle, donc nous devons aller vers des aliments moins transformés et davantage de produits végétaux. Acheter un aliment chez un commerçant est un acte essentiel pour tous car nous sommes tous interconnectés : aussi si j’achète un aliment ultra-transformé d’origine animale contenant des ingrédients issus des quatre coins de la planète je contribue peut-être à l’appauvrissement de paysans de pays en voie de développement, je contribue à la maltraitance animale et à la déforestation de certaines parties du globe. A nous de choisir, nous sommes responsables et il est aujourd’hui possible d’avoir accès aux informations nutritionnelles. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra faire avancer les « choses » dans le bon sens, pour nous, les animaux et la planète dans son ensemble.

 

[1] Le « diabète de type 2 » ou « diabète non insulinodépendant » (DNID) (aussi appelé « diabète insulinorésistant » ou « diabète de l’âge mûr », parfois « diabète acquis »), est une maladie métabolique touchant la glycorégulation provoquant à terme un diabète sucré.

[2] La synergie est un type de phénomène par lequel plusieurs facteurs agissant en commun ensemble créent un effet global ; un effet synergique distinct de tout ce qui aurait pu se produire s’ils avaient opéré isolément, que ce soit chacun de son côté ou tous réunis mais œuvrant indépendamment. Il y a donc l’idée d’une coopération créative.

[3] 1 g/kg/jour chez la personne âgée

[4] Composés alimentaires qui préviennent l’excès de matières grasses dans le foie.

What is healthy, sustainable and ethical preventive diet?

 

An alarming finding!

By definition, preventive nutrition is at the service of humans in order to enable them to live a long but above all in good health so that “life expectancy in good health” (61.8 years for men and 63.5 years for women in 2010) is close to “theoretical life expectancy” (78.3 years for men and 85.3 years for women in 2010) (Figure 1). In short, the average French person lives in good health until retirement age and then is ill until death (16.5 years for men and 21.8 years for women). And the space between the two « life expectancies » tends to increase. A gloomy situation on the human, social and economic levels! Yet we know that a good diet combined with regular (even moderate) physical exercise can save many healthy years, probably at least ten. In addition, a poor diet is now the leading cause of death in France, directly or indirectly, namely around one in three deaths (mainly cardiovascular disease, type 2 diabetes [1] and certain cancers).

   

 

 

Figure 1. Espérance de vie théorique et en bonne santé

  

The essential question is therefore: « How can we stop the ever growing ‘epidemic’ of chronic diseases linked to an unbalanced lifestyle? « . Preventive nutrition is a powerful lever, which can be taught from an early age. The reasons for this medical disaster are actually quite simple: there is of course the nutritional transition from a traditional diet based on plant products and minimally processed foods to a diet rich in animal products and ultra-processed; the concomitant decrease in physical activity and energy expenditure; a lack of nutrition education in school from an early age; and finally, the most essential reason of all because it corresponds to the deep roots of the current situation, reductionist thought. The latter is typically Western and has its source in the thought of Descartes: indeed, reductionism splits reality into isolated entities to better study them considering that 2 = 1 + 1 on the basis of a linear cause and effect relationship. This reductionism applied to human nutrition has led to the deconstruction of foods into isolated nutrients and to recombine them in endless combinations under the guise of innovation. These are ultra-processed foods that can no longer be found in natural origin, pure man-made products and most often very high in calories and poor in protective micronutrients (scientists then speak of « empty calories »).

 

However, it turns out that the populations that adhere the most to these products (≥ 50% of daily calorie intake on average) are the most affected by chronic diseases. It is therefore not surprising that the development of chronic diseases linked to poor diet is concomitant with the hyper-industrialization of diet. It is enough to see the rates of type 2 diabetes in populations that have remained pastoral or traditional (nomads, Papuan, Inuit): less than 1-2% of the prevalence of type 2 diabetes against 8-10% in our Western countries, or even more in some countries such as Saudi Arabia (14-20%) or Mexico (10-14%); and the natives emigrating to our so-called industrialized countries and adopting our western-style diet very quickly end up presenting rates of type 2 diabetes similar to ours. In addition, forecasts for the prevalence of type 2 diabetes by 2030 are worrying at the global level. For example in France new cases of diabetes increased from 20 to over 70% depending on the region between 2003 and 2011.

  

What « remedies »?

 In order to remedy this state of affairs, in addition to introducing nutrition education from primary school (from 3 years old) and increasing physical activity, we must relearn how to eat « well » in order to remain healthy. For this, as not everyone can be a specialist in nutrition, it is necessary to look for generic food rules which are acceptable, scientific and easily understandable by all, whatever their origin, their country, their age, etc. But these rules should not flow from reductionist thinking as is the case today, namely an approach according to the composition of the food in nutrients or in calories. Because indeed a calorie of a food A is absolutely not equal to a calorie of a food B according to the matrix of the food, our level of physical activity or if we eat alone in front of the TV or in group! The nutrient or composition approach is therefore obsolete today and has definitely found its limits, what the Anglo-Saxons call « Nutritionism ».

 I therefore recommend returning to a more holistic approach to diet and food considering that the whole is greater than the sum of the parts (so that 2> 1 + 1 = mechanism of synergy [2] according to a law of multicausal nonlinear effect) and that food must preserve the three fundamental dimensions of life: health, animal welfare and the environment (Figure 2). A holistic approach to food is to consider the food in its complexity and also to consider that it has a health effect greater than the sum of the health effects of each of the nutrients taken separately, which science moreover demonstrates very good. On these holistic and scientific bases I propose to define what I call the three Golden Rules of sustainable and healthy food:

 1) Favor plant products over animal products in a caloric ratio of around 85/15%, or no more than one in six calories of animal origin. However, today the French consume almost one in three calories of animal origin and 60% of the proteins consumed are of animal origin, which is too much, both for health, to preserve animal welfare and environment (Figure 2); To achieve this sustainability, we would therefore need to reduce our animal calories by 50% and replace these 50% with calories from grains and seeds such as whole grains (wheat, rice, oats, corn, etc.), pseudo-cereals ( amaranth, quinoa and buckwheat), legumes (beans, soya, broad beans, lentils, etc.) and nuts (such as walnuts, hazelnuts, etc.), which are all under-consumed in France (<15 g / day whatever either the type of seeds). In addition, overall we consume too much protein: 0.83 g of protein/kg of body weight/day is sufficient in adulthood [3] (ANC, Recommended Nutritional Intakes), or 58 g of protein for an adult of 70 kg; but overall we are closer to 1 g/kg, or even more. So meat should become a side dish and plant products the main course, and not the other way around as is the case today. In addition, by consuming less meat, for the same price, we can turn to better quality meat from extensive sectors generally more respectful of animal welfare.

   

 

Figure 2. L’alimentation et les 3 dimensions de la vie sur terre

2) Within plant and animal products, favor foods un-, minimally- or normally processed (that is to say foods which are not a recombination of ingredients already isolated from complex natural foods by fractionation or  » cracking”) in a ratio of 85/15%, ie no more than one in six calories from ultra-processed foods. To recognize an ultra-processed food, nothing could be simpler: read the list of ingredients on the packaging; if there are more than 5, you have a good chance of being in front of an ultra-processed food. Also, if you can no longer recognize the original food, this is not a very good sign either. Let’s take two simple examples: a whole apple is un-/minimally-processed (depending on storage conditions), an applesauce is normally processed (apples plus sugar in general), and an apple juice reconstituted from a dehydrated powder with various additives is an ultra-processed product – to be avoided. Indeed in the latter case impossible to recognize the original apple. Another example, take a grilled whole fish (minimally processed), canned in oil (normally processed) and crushed/fractionated then reintroduced into fish nuggets (ultra-processed). And we can decline the exercise for almost all staple foods, even legumes (boiled seeds versus legume soup versus legume milk enriched with sugar, flavorings, etc.). Note also that the more the food is processed, the more it loses the structure of its initial matrix (deconstruction of the food). Today it is therefore time to classify foods according to their degree of processing and no longer according to botanical plant groups or animal species such as fruits, vegetables, cereals, legumes, white meats, red meats, fish, eggs, dairy products. , etc. It is the degree of transformation that makes sense from a nutritional point of view, not the food group as such. Finally, less processed foods are more satiating and lower the level of sugars in the blood compared to ultra-processed foods.

 

3) Within foods un-, minimally- or normally processed diversify by favoring organic, seasonal and local foods as far as possible. In fact, by diversifying, you have a greater chance of consuming a greater diversity of protective micronutrients (vitamins, minerals, trace elements, polyphenols, carotenoids, etc.) which have multiple and synergistic actions in the human body: antioxidants, anti-inflammatories , anti-carcinogenic, anti-hypertensive, hypocholesterolemic, hypoglycemic, lipotropic [4]… Diversifying ultra-processed foods does not make sense because they are generally refined, rich in energy and poor in protective micronutrients: therefore consume 5 chocolate bars different types found in vending machines have the same nutritional effect as consuming the same chocolate bar 5 times.

These three golden rules are generic enough to be applied almost everywhere in the world according to cultures and traditions, even climatic and environmental conditions. This allows science and culture to be combined without the two opposing each other.

 Get out of « dogmatic » healthy diets for better prevention

A diet should be healthy but also sustainable and try to respond to the different challenges and dimensions of sustainability (Figure 3). The stakes are high. Research to date has focused on defining what a healthy diet might be. She has studied extensively Mediterranean, vegetarian, vegan, DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) diets and other diets known for their health benefits such as the Okinawa diet. These diets are generally all characterized by a high proportion of minimally processed plant products, and therefore generally meet the 3 golden rules, more or less. In addition, many countries around the world have proposed nutritional recommendations at the national level, generally based on the results of epidemiological nutritional studies and illustrated by food pyramids; and even more and more countries are looking at the virtues of their national regime, for example the Nordic Scandinavian regime.

  

 

Figure 3. L’alimentation et les différentes dimensions de la durabilité

However, reality shows that it is difficult to get these diets adopted by the majority. There is indeed still a lot of resistance. Some want to continue to consume animal products, others want to keep their culinary traditions, and still others have a lifestyle that is difficult to reconcile with regular adherence to these diets or recommendations. In addition, are these healthy diets sustainable, i.e. do they fulfill the other dimensions of sustainability of environmental, animal welfare, sociocultural and/or religious aspects? Not necessarily. For example, if everyone starts consuming more fruits, vegetables or fish, is this compatible with protecting the environment or animal welfare? For fish, not in view of the plundering of ocean stocks and the programmed disappearance of certain species. For fruits and vegetables, we also know that their carbon cost is higher than that of grains and seeds (or starchy foods) and that they are generally very water demanding. And for dairy products, is consuming 2 to 3 servings per day compatible with animal welfare when we know how dairy cows are treated in intensive breeding in some countries? Finally, do the Scandinavians want to adopt, for example, the Mediterranean diet?

A question then arises: is it really reasonable to want to generalize these healthy diets to the whole planet? Probably not. Why ? I will try to answer it:

 Towards a regionalization of healthy diets

First of all, each region of the world is part of its own culinary tradition, religious beliefs, environment and climate, and specific socioeconomic realities. Why not taking it into account? Take the example of France: while the populations of the south can adhere to the Mediterranean diet, the culinary traditions are very different in the north, west and east. In the north, traditionally a lot of potatoes are eaten, in the west more seafood and in mountainous regions more cheese, etc. As for the climatic and agronomic conditions, they are obviously very different, whether it is for the rainfall, the average temperature and the quality of the soil.

The concept of a “regionalized healthy and sustainable diet” involves developing diets in line with all dimensions of sustainability, based on a healthy diet. For example, Auvergne, where I live, ranks first nationally for beef production. Auvergne also has a large number of ewes. As for crop production, they occupy a fifth of the useful agricultural surface, wheat being the most cultivated cereal. The region is also known for its cheeses and lentil production. Can we define a sustainable healthy diet based on these characteristics? Certainly yes. For that, of course, this means favoring local productions and short circuits and rather eating seasonal plant products. It can also mean reducing the production of beef in favor of more plant production, such as legumes or fruits and vegetables compatible with the Auvergne climate.

However, there is one category of food that is grown almost everywhere on the planet and quite easily meets all the criteria for sustainability. These are grains and seeds, more particularly protein crops (legumes), and to a lesser extent cereals (whole) and oilseeds (nuts). Yet they are produced almost everywhere on the planet, are generally inexpensive, easy to store over long periods of time and have great health benefits. Each of these groups is characterized by their richness in complex carbohydrates, proteins and lipids, respectively, as well as by a content of numerous protective bioactive compounds. They are also generally a source of slowly assimilable sugars, dietary fiber and provide a feeling of prolonged satiety. So we can imagine that grains and seeds can form the basis of healthy regionalized diets whatever the region of the globe. Furthermore, all epidemiological studies highlight the protective nature of these foods against the risk of the main chronic diseases such as obesity, type 2 diabetes, cardiovascular diseases and certain cancers. The cereal-legume combination is already widely used, especially on the South American (corn-beans), Asian (rice-soybean) and North African (durum wheat-chickpea) continents, among others. It is probably no coincidence that the Sixty-eighth General Assembly of the United Nations proclaimed 2016 « International Year of Pulses (IIL) » (A/RES/68/231). Remember that legumes do not need nitrogen fertilizers to grow.

 

Then, on the basis of grains and seeds, everyone can then diversify their diet taking into account their preferences, traditions, beliefs, economic conditions, positioning in relation to animal welfare, and local cultures; while trying to adhere as much as possible to the 3 golden rules, thus combining scientific results and regional realities.

To conclude, preventive nutrition (I prefer « preventive diet » because the food dimension is more significant) must now be based on a holistic and more ethical approach putting people at the center and not financial interests. We have entered a new food or nutritional transition, so we need to move towards less processed foods and more plant products. Buying food from a merchant is an essential act for everyone because we are all interconnected: so if I buy an ultra-processed food of animal origin containing ingredients from the four corners of the planet I may be contributing to the impoverishment of peasants in developing countries, I contribute to animal abuse and deforestation in certain parts of the world. The choice is ours, we are responsible and today it is possible to have access to nutritional information. Only then can we get « things » right, for us, the animals and the planet as a whole.

  

[1] « Type 2 diabetes » or « non-insulin-dependent diabetes » (NIDDM) (also called « insulin-resistant diabetes » or « middle-aged diabetes », sometimes « acquired diabetes »), is a metabolic disease affecting glycoregulation eventually causing diabetes mellitus.

[2] Synergy is a type of phenomenon whereby several factors acting in common together create a global effect; a synergistic effect distinct from anything that could have happened if they had operated in isolation, whether each on their own or all together but working independently. So there is the idea of creative cooperation.

[3] 1 g/kg/day in the elderly

[4] Food compounds that prevent excess fat in the liver.